Il y a des jours où l’on sort du boulot à une heure très tardive et l’on n’a pas envie de rentrer chez soi pour dormir juste après. Fuyant la routine quotidienne, pourquoi ne pas aller au cinéma ?
Il y a des films que l’on choisit uniquement au titre et à l’affiche, sans même avoir lu le synopsis et au diable si le film est mauvais.
Il y a des choix pris sur un coup de tête qui finissent par un coup de tonnerre.
Tel fut ma soirée et tel sera mon récit. Vous décrire sans spoiler ce que « Le dernier loup » ne sera pas tâche facile, mais nécessaire, tant celui-ci ne m’a pas laissé indifférent.
1) Une expérience
Ne rien savoir du film avant d’entrer dans la salle noire fut une première pour moi. Cela semble bête dis comme ça, mais ne pas savoir à quoi s’attendre fut une chance.
L’autre partie du contexte de cette soirée se trouve dans la salle noire : seulement 6 personnes en me comptant et pour la première fois de ma vie, aucun collègue, membres de la famille, amis ou connaissances à mes côtés. J’ai toujours trouvé que regarder un film tout seul était un gâchis, qu’un moment tel que celui-ci était une parfaite excuse pour passer un bon moment avec d’autres personnes, chose devenue tellement rare due à nos nouvelles méthodes de communication.
Bref, c’était moi, seul, face au grand écran.
2) Un choc
Je vais aller droit au but : Ce film est beau, ce film est dur, cruel, triste et sans pitié, mais magnifique à la fois.
Les décors sont splendides, les animaux majestueux, les steppes de Mongolie sont filmés de manière très lumineuse avec des couleurs chaudes qui tranche beaucoup avec l’aspect général du reste.
Concernant l’histoire, je ne l’ai pas trouvé tellement originale et assez prévisible, mais ce n’est qu’un prétexte pour les messages forts qu’elle a à délivrer.
Ceux-ci sont multiples : le respect des anciens, la fatalité d’un système hiérarchique, la préservation d’un écosystème pour le bien de tous, la destruction qu’entreprend l’être humain par ses actions, la puissance des conséquences de celles-ci, etc.
Ces non-dits m’ont touché, particulièrement en repensant à la position sociale que j’occupe : bosser dans une entreprise qui capitalise toute son attention à la vente de produits placebo pour une population décérébrée par les publicités créer par un service marketing dont je suis un pilier malgré ma volonté, convaincue qu’ils agissent pour le bien de la communauté, mais dévisageant à jamais la beauté des plaines sauvages.
L’identification au personnage principal, spectateur des événements, ne pouvant qu’observer la civilisation tuer un à un ces animaux sans pouvoir agir, ne fut pas bien difficile.
3) Un apaisement
En effet, des animaux vont mourir. Mais étonnamment, je n’ai pas détourné le regard une seule fois. Pourtant, je suis le premier à me cacher les yeux à la vue d’une effusion grossière et ridicule de fausse hémoglobine dans Dr House, mais là je ne pouvais pas lâcher l’écran comme aspirer par les scènes défilantes les unes après les autres.
Et justement, il n’y a pas de sang. Il n’y a rien de gore d’ailleurs. Le réalisateur a voulu nous focaliser plus sur les actions entreprises par les hommes et les animaux que par la violence de celles-ci.
Les scènes les plus choquantes sont d’ailleurs celles qui sont le plus sous-entendues. La scène de la mort de l’avant-dernier loup ne pourra vous laisser sans un mélange de haine et de dégoût mélanger à une profonde tristesse.
J’avoue que je suis tombé dans le charme de cette réalisation effectué avec beaucoup de subtilité, de métaphores et de poésie.
Je suis sorti de la salle avec la boule à la gorge, les larmes aux yeux avec une amertume dégagée par la morale finale : on a beau reconnaître ses erreurs, c’est trop tard.
Que ce film est beau.
Mais quel monde de merde !
PS : Écris deux heures après avoir quitté la salle sous la lumière d’une magnifique lune d’argent, scintillant de son trois quarts, me rappelant que le cycle continuera demain et le jour suivant …