Au-delà de la lumière, du son et de l’espace

Peu de billets sur ce blog, mais encore un qui est écrit avec une plume emplie d’émotion.

Je veux parler ce soir de ce que je considère comme ma première vraie expérience de cinéma … qui n’a même pas été au cinéma en plus !

Je ne vais que très peu parler du film en lui-même, car je le considère comme bien plus que ça, une œuvre qui transperce ses propres concepts : Interstellar.

Pour ceux qui n’ont pas eu la chance de le voir, surtout, ne vous précipitez pas ! Ce film mérite d’être vu dans de bonnes conditions. Autant d’un point de vue technique ; il est fait pour être vu sur grand écran et surtout avec un système sonore qui puisse vous faire réellement vibrer ; que d’un point de vue émotionnel. Ce n’est pas qu’il n’y ait quelque chose de vraiment choquant dans ce film, mais j’insiste vraiment, c’est important.

Je me rappelle assez bien de la première fois. Je suis d’un naturel assez impulsif et hyperactif et c’était l’époque où je me consacrais à 800% à mon travail dans l’informatique. À cette époque, je bossais pour une célèbre marque de luxe parisienne qui se veut être le messager des dieux, mais qui ne parle qu’aux riches et puissants.

Un soir, on lança le film avec mon coloc d’alors (et encore très bon ami aujourd’hui), devant l’écran de son projecteur (alors qu’il y a un mur blanc derrière, on est des génies parfois, mais bon chut).

Lui, c’est un cinéphile et pas qu’un peu. Mon expérience a été optimal. Un mélange entre le confort d’être chez soi et d’avoir l’image et le son le plus proche de ce que l’on peut trouver dans une vraie salle noire.

Dans quel état j’en suis ressorti ! … J’étais subjugué, bouleversé même. Mais je n’ai jamais réussi à comprendre pourquoi. Je n’arrivais pas à stopper ces larmes. Ce n’était ni des perles de joies ou de tristesses, c’était plus subtil, difficilement identifiable. Mais je me rappel avoir ressenti comme un étrange de sentiment de paix, de douceur pendant le reste de la soirée jusqu’au lendemain ; où le train de la vie infernal repris et m’emporta de nouveau dans ce flot de folie.

J’ai pris goût au cinéma. Particulièrement depuis la pandémie qui a détruit ma vie, me laissant globalement seul. Alors oui, j’ai des amis … Mais j’ai perdu mes attaches, ces personnes auxquelles je pouvais tout donner, tout confier, sans avoir peur d’être trahi ou laissé de côté. Ce n’est pas tant le fait d’être seul que le sentiment de l’être. Il m’a fallu trois ans pour apprendre à vivre avec …

Donc, j’ai pris goût au cinéma je disais et j’ai pris une carte d’abonnement, histoire d’aller voir au moins un film par semaine ; et je suis tombé sur les podcasts de 2 Heures de Perdues, me donnant encore plus de matière.

Depuis, je regarde en moyenne deux films par semaines, parfois plus. Dans l’espoir de retrouver ce moment précis, cet instant où tout bascule, cet état où le monde n’a plus d’importance.

Pour autant, je ne voulais pas gâcher Interstellar. C’était trop grand, trop fort, le souvenir était encore trop frais et comme toute chose que l’on use et abuse, cela fini par faner et pourrir.

Je n’étais pas pressé et cinq ans plus tard, voilà que Pathé propose une intégrale des films de Christopher Nolan, avec Interstellar en diffusion ce lundi, la veille de mon départ pour un pseudo séminaire qui ne m’amuse guère.

Niveau technique, c’est parfait ! Salle de ciné avec le film en version originale sous-titrée dans la plus grande salle du centre de Nantes, check ! Petite parenthèse : je ne suis pas pro VO ou VF, mais l’ayant vu la première fois en VF, autant voir la VO.

Par contre, niveau mindset … On va dire, pour faire simple, que si je devais utiliser la boussole de Jack Sparrow, elle n’aurait plus d’aiguille une fois dans ma main. À quoi bon trouver ce que vous voulez vraiment quand vous ne savez plus où vous en être vous-même … Second point pas check du tout.

Mais bon, je ne suis plus à un paradoxe près et je me dis que j’en ai besoin, allez go !

Et je pense avoir enfin saisi. Je pense savoir ce que je cherche dans le cinéma. J’ai compris ce qui se cache derrière ces larmes que j’ai, de nouveau, été incapable de retenir.

Ce n’est toujours ni de la joie ni de la tristesse. J’ai simplement, pour la seconde fois de ma vie … Réussi à lâcher prise.

Ça peux vous paraître con comme ça, mais étant quelqu’un de stresser h24, c’était impossible à réaliser !

Interstellar veut nous transporter au-delà de ce qu’il peut nous montrer, au-delà de l’espace-temps avec lequel il s’amuse allègrement. Il veut nous perdre dans le noir infini de l’espace, puis nous emporter au loin à travers ses tempêtes de sables. Il veut nous noyer dans cette vague puissante pour nous rattraper frigorifié dans une boite de conserve. Il veut nous absorber dans un trou noir qui n’a pas plus de sens que la vie elle-même.

Et il y arrive. Parfaitement. Wow.

Interstellar, je ne te reverrai pas de suite. Dans cinq ans peut-être ; en espérant survivre à la prochaine catastrophe qui se prépare (moins de deux ans maintenant). À ce moment-là, je compte sur toi pour me rappeler que, parfois, s’arrêter et le meilleur moyen d’avancer.

Merci Interstellar. Merci le cinéma.

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